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Que pensait-elle ? Que voulait-elle ?

Tel est le problème que je me suis efforcé d’étudier et de dégager dans ces pages ; tel est le but de ce travail.

Qu’on n’y cherche pas autre chose, et il en ressortira ceci, qu’alors même que les individus auraient commis des fautes, auraient péché par excès ou par insuffisance, l’idée conçue, rêvée par !e peuple, l’idée à laquelle il a sacrifié des milliers d’existences, pendant une lutte longue, terrible, sans trêve, sans merci, cette idée est une idée grande, juste, généreuse, inattaquable, dont le triomphe est assuré pour un jour prochain.

Il en ressortira encore ceci, c’est que le peuple était absolument mûr pour la liberté qu’il réclamait, absolument digne de l’idéal nouveau représenté par le mouvement communaliste.

Je suivis donc avec un intérêt tout particulier les manifestations de la place de la Bastille, qui passèrent d’abord assez inaperçues, les journaux, au début, s’étant abstenus d’en parler, et les reporters qu’ils y envoyèrent par la suite, n’ayant vu là qu’un spectacle quelconque, qu’ils racontèrent comme ils racontaient jadis la fête du 15 août.

Ces manifestations, je le répète, prenaient cependant, chaque jour, un caractère plus marqué, plus universel, plus révolutionnaire. Tous les bataillons de Paris y envoyèrent des représentants, presque tous y vinrent au complet.

C’était la réponse de Paris à la conspiration royaliste de l’Assemblée de Bordeaux.

À ces gens qui refusaient de proclamer la République, et ne la toléraient qu’en l’insultant, parce qu’ils la croyaient à terre, sans force pour se défendre, la capitale de la France répliquait