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gués, ne tardèrent pas à venir au complet et en armes, tambours en tête, drapeau déployé.

Arrivés sur la place, les tambours battaient aux champs, le bataillon faisait lentement le tour de la colonne, puis les officiers se détachaient et remettaient les couronnes aux citoyens stationnant sur la plate-forme. Les couronnes, à l’aide d’échelles, étaient disposées symétriquement, depuis la base jusqu’au faîte du monument.

Bientôt un drapeau rouge apparut au sommet, flottant sur la tête du Génie doré. Plus bas, on voyait un vaste écriteau, où se lisait, en lettres colossales :

Vive la République universelle !

Chaque bataillon avait ses orateurs. Il y eut là des discours remarquables. Aucun ne contenait de menaces ni de violences. Tous roulaient sur le même ordre d’idées. On y parlait des trahisons dont Paris et la France avaient été victimes, mais, surtout et avant tout, on y affirmait la démocratie, on y acclamait le principe de la République universelle et de la fédération des peuples.

Je ne pense pas mériter le reproche de sentimentalisme[1] ; mais j’avoue avoir éprouvé une vive et durable émotion, en voyant ce peuple qui venait de subir un long siège de cinq mois, encore tout chaud de la bataille, tout frémissant de la fièvre patriotique, tout bouillant de colère à l’idée que les Prussiens allaient occuper une partie du sol de la cité ; en voyant, dis-je, ce peuple se jeter plus avant dans l’avenir, à mesure

  1. Le sentimentalisme, en politique, est la plus sotte chose du monde.