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quelle différence avec celui de Tallemant ! De plus, ce mot se retrouve plusieurs fois dans les Mémoires : « M. de Malherbe lui répondit brusquement, à sa façon ordinaire… » Voir Introduction, p. 18, ii.


Musique et gants.

Anecdote 29. (P.230.)

M. de Malherbe n’estoit délicat ni en musique, ni en gans, et il aymoit autant ouyr chanter une chanson du Pont-neuf, que le plus bel air du monde ; et avoir des gans de 10 sols, que des meilleurs et des mieux préparez.

Notre manuscrit éclaire ici Tallemant, t. I, 289, que l’on comprenait généralement dans un sens diamétralement opposé. « Malherbe disoit qu’il se connaissoit en deux choses, en musique et en gants. Voyez le grand rapport qu’il y a de l’un à l’autre. » Le mot du poète est donc ironique, à moins par hasard qu’une négation n’ait été omise dans la lecture du manuscrit de Tallemant des Réaux.

Malherbe, en effet, a prouvé qu’il ne s’y connaissait pas en musique : il ne réussit que deux fois à composer des strophes qui se puissent chanter. Voir Souriau, p. 98 (en mettant de côté la méprise inévitable due à Tallemant et en ajoutant à la note 3 une autre pièce, celle de la p. 234 de l’éd. Lalanne). — Néanmoins il créa ou restaura un grand nombre de rythmes avec un vrai sentiment de l’harmonie : ce fut un des principaux points où il porta ses laborieux efforts. Voir dans Allais des pages très fines sur l’harmonie colorée de Malherbe, p. 134 et s., sur les divers rythmes employés par lui : Chap. X, lre et 2eparties ; XII,