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de cette aventure qui aurait fait dire à Musset parlant de Mathurin Régnier dans sa pièce Sur la Paresse (Poésies nouvelles) :

Lui qui se redressait comme un serpent dans l’herbe,

Pour une balourdise échappée à Malherbe,
Et qui poussa l’oubli de tout respect humain

Jusqu’à daigner rosser Berthelot de sa main !

— Nous retrouvons ici habilement amenée la rime riche herbe, Malherbe, employée plaisamment par Théophile.


Les camisoles.


Anecdote 23. (P. 230.) Estant un jour chez madame Desloges, en hyver, il fit voir que les camisolles et les doublures qu’il portoit, alloyent jusques au nombre de 14.

Le Bibliophile Jacob a lu par erreur dix-huit au lieu de 14 (R. des provinces, p. 525).

Nous savions déjà par Racan que Malherbe était très frileux et qu’il mettait en hiver 12 paires de bas superposées (Mém. p. Lxxiii). Tallemant nous apprend qu’il portait un manteau doublé tout l’été (t. I, 291, n.). Il cite aussi le présent trait (Ibid.) en ajoutant que ces quatorze épaisseurs étaient « chemises, chemisettes ou doublures ». Malherbe avait d’ailleurs pour maxime que « Dieu n’a fait le froid que pour les pauvres et pour les sots ». Mém. lxxiv.

Ses ennemis raillaient sa manière de se couvrir. Berthelot dit dans une parodie, que mentionne l’anecdote précédente :

Avoir quatre chaussons de laine

Et trois casaquins de futaine,
Cela se peut facilement ;
Mais de danser une Bourrée,
etc. …

Cela ne se peut nullement.
(Paulin Paris, Tallemant, t. I, 320.)