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tion médiocre des Œuvres de Malherbe qui parut en 1630, in-4°. Elle donnait à la p. 191 la chanson : Cette Anne si belle… (Lal. t. I, 234), faite par le poète pour le ballet du 19 mars 1615, qui précéda le mariage de Louis XIII.

Racan avait rapporté à Ménage (Ménage, 513) « que Malherbe fit ces vers à la prière de Marais, porte-manteau — (et bouffon ) — de Louis XIII sur un air qui couroit, et qu’il les fit en moins d’un quart d’heure ». Nous le croyons facilement. Racan ajoutait que ces vers « ne furent point estimés » et que « Malherbe lui-même ne les estimoit pas ». — L’air était d’un musicien, nommé Guesdron.

Racan, selon Ménage, citait la parodie de Théophile en des termes un peu différents :

Ce brave Malherbe

Qu’on tient si parfait.
Donnez-lui de l’herbe,

Car il a bien fait.

Nous ne pouvons dire quelle est la vraie leçon, n’ayant pas trouvé ces vers dans l’édition moderne des Œuvres de Théophile, donnée par Alleaume, Bibl. elz., en 1856.

Malherbe se vengeait de ces « picottements » par le peu d’estime qu’il faisait de Théophile : voir sa lettre à Racan du 4 nov. 1623, Lal. t. 4, p. 8.

Tallemant rapporte également toute cette anecdote dans les mêmes termes que notre manuscrit, sauf qu’il attribue la parodie à Bautru, t. I, 296.

Ces renseignements paraissent bien avoir été transmis à Tallemant et à Conrart par Racan, comme ils l’ont été par lui à Ménage.

II. La seconde pièce parodiée est une chanson qui fut faite sur une chanson espagnole en collaboration par Malherbe, Racan et surtout madame de Bellegarde dans la chambre de celle-ci ; c’est Racan qui l’apprit à Ménage (Ménage, 496). Elle commence ainsi :

MALHERBE

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