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que de la langue de Malherbe (Œuvres, t. V) ne fournit rien à ce sujet. —

Sainte-Beuve donne raison à cette prétention de Malherbe, pour la paraphrase du psaume cxlv :

N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde.
(Nouveaux Lundis, t. XIII, 415.)

Malherbe répondait encore aux objections semblables (Racan, Mém. p.lxxx « qu’il n’apprêtoit pas les viandes pour les cuisiniers ». Il est curieux de marquer le seul point sur lequel le rigoureux législateur revendique la liberté du poète.

Racan, qui approuvait fort cette indépendance vis-à-vis des savants, la retournait par moments contre son maître (Mém. lxxx : aussi est-ce lui qui a dû recueillir cette déclaration, tout comme il a recueilli l'autre, d’autant plus qu’elles présentent toutes deux, dans les termes, des ressemblances frappantes. Voir Introd. p. 18 III. V. Revue bleue, 730, col. 2.


Les Pois pilés.

Anecdote 11
P.214.

Les vers qui n’estoyent ni bons ni mauvais, luy déplaisoient extrêmement, et il les appelloit des Poispilez.

« Bavardages, inutilités », tel est le sens que Malherbe donne à cette locution dans deux de ses lettres, t. III, p. 31, et IV, 94 (Lexique, t. V, p. 475). C’est une allusion à un plat essentiellement populaire et probablement très ancien : « Je me tieg (tiens) à pois piles » Mss. de poésies franc, avant 1300, cité par Littré. Dict., art. Pois, Hist. Il s’agit sans doute d’une grosse purée de haricots, le pois désignant le haricot autrefois, et aujourd’hui encore dans plusieurs