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Je chante, quoy que d′un gosier
Qui ne mâche point de Laurier ;
Non Hector, non le brave Enée…

Racan était vraiment bien en droit d’ignorer que Lycophron était un des poètes de l’ancienne Pléiade, et qu’il avait fait un poème intitulé Cassandre où Ronsard se plaisait à retrouver sa propre Cassandre.

Cette curieuse anecdote ne peut avoir été rapportée que par Racan, qui y a mis d’ailleurs sa bonhomie et son calme ordinaires.

Voici ce qu’il écrivait trente ans plus tard (et non vingt ans, Sainte-Beuve p. 422) dans une lettre à Chapelain du 25 octobre 1654 : « C’est de quoy j’oserois vous demander raison, si je ne craignois d’avoir une aussi rude réprimande que celle que je reçus du grondeur et impitoyable silence de Malherbe quand je pris Lycophron pour la ville où demeuroit Cassandre… » Racan, t. I, p. 349.

V. Revue bleue, p. 731, col. 2.


La chanson du Pont-Neuf.

Anecdote 8. P.214. M. Chapelain le trouva une fois couché sur un lit de repos, qui chantoit une chanson du Pont Neuf, qu’on avoit faite depuis peu, et qui commençoit :

D’où venez-vous, Jeanne ?
Jeanne, d’où venez ? etc…

Il ne se leva point pour le recevoir qu’il n’eust achevé. Puis, il luy dit, J’aymerois mieux avoir fait cette chanson, que toutes les Œuvres de Ronsard.

Cette chanson du Pont-Neuf, ce pont-neuf, comme l’on disait, fut chanté pendant tout le XVIIe siècle : nous en re-