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Conrart tenait probablement de la marquise ce jugement, assez surprenant de la part de Malherbe. Tallemant dit simplement (t. I, 276) que l’Aminte était le seul ouvrage italien qu’il pût souffrir. Racan (Mémoires, p. lxx nous avait déjà appris le peu de goût de son maître pour les Italiens, qu’il avait cependant commencé par imiter dans les Larmes de Saint-Pierre.


Malherbe et le Théâtre


Anecdote 6, Une des filles de la Reyne, disoit, en sa présence,

P.214.à M. de Gombaud, comme on parloit de la difficulté qu’il y a de bien faire une Pièce de Théâtre, Mais que faut-il donc pour en faire une bonne ? Et M. de Gombaud lui ayant répondu qu’il y avoit bien des règles à observer ; Je croy, dit M. de Malherbe, que le jugement me les feroit trouver toutes.

Oui, mais il n’aurait pas eu assez d’imagination pour les observer pratiquement dans une œuvre créatrice. Il a fait prudemment de ne point essayer.

Il est curieux de constater que Malherbe a effectué sa réforme en demeurant complètement étranger au théâtre, sans y donner de pièces, sans même s’en occuper théoriquement, au contraire de Ronsard, Boileau, Voltaire, Victor Hugo : c’est là un fait isolé dans notre histoire littéraire. Il a du moins, sans le savoir, préparé les voies au théâtre, comme M. Brunetière vient de le montrer dans son article original de la Revue des Deux-Mondes du 1erdécembre 1892.

Cette anecdote peut venir soit de Racan qui avait fréquenté la cour en même temps que Malherbe, soit de Gombaud lui-même.

V. Revue bleue, p. 731, 2e col.