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Une Critique de Virgile

Anecdote 4. (P. 213.) Il reprenoit beaucoup de choses dans Virgile, entr′autres :

Euboicis Cumarum allabituir oris.

C’est comme si on disoit, Aux rives francoises de Normandie.

Virg. En. vi, 2. Tallemant cite la même critique, I, 276, changeant seulement la Normandie en Paris, et il ajoute : « Ne voyla-t-il pas une belle objection ! » Malherbe prouve en effet par là qu’il n’était pas très versé dans la géographie ancienne, en mettant Cumes en Eubée, tandis que l’épithète désigne, suivant l’habitude virgilienne, les fondateurs de la ville.

Il la prend pour une sorte d′épithète de nature, il ne les aimait pas, allant avant tout à la sobriété et même à l’économie dans le discours, et se mettant par là en pleine réaction contre le xviesiècle (Cf. Brunot, p. 195 et s., entre autres 204).

Il y avait évidemment incompatibilité d’humeur entre Virgile et Malherbe. Celui-ci lui préférait Stace, Sénèque le Tragique, Horace, Juvénal, Ovide et Martial, comme le rapporte, dans les Mémoires, p. lxx, Racan, qui a bien pu fournir aussi cette anecdote.

L’Aminte

Anecdote 5.

(P. 213.)

Madame la marquise de Rambouillet lui ayant demandé ce qu’il estimoit le plus de tous les vers qu’il avoit leus, j’aimerois mieux, répondit-il, avoir fait l’Aminte du Tasse, que tout le reste.