Page:Arnold - La Lumière de l’Asie.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leine ; un gow est quarante fois la mesure précédente, quarante gows font un yôdjana, et. Maître, si vous désirez, je vous énumérerai combien il y a d’atomes dans un yôdjana. » Et, aussitôt, le jeune Prince indiqua sans erreur le nombre total des atomes. Mais Viswamitra en l’entendant, se prosterna devant l’enfant en s’écriant : « Tu es le maître de tes maîtres, c’est toi et non moi qui Gourou[1]. Oh ! je t’adore, doux Prince qui n’es venu à mon école que pour me montrer que tu savais tout sans livres et que tu sais aussi pratiquer le sincère respect. »

Ce respect, le seigneur Bouddha l’accorda à tous ses professeurs, bien qu’il en sût plus qu’eux ; il parlait de façon aimable, quoique si savant ; il avait une mine princière avec des manières douces ; il était modeste, déférent, il avait le cœur tendre et cependant doué d’un courage intrépide ; nul cavalier n’était plus hardi dans la joyeuse chasse aux timides gazelles, nul conducteur de char n’était plus adroit dans les courses qui se faisaient dans les cours du palais ; toutefois, au milieu du jeu, l’enfant s’arrêtait souvent, laissant échapper le daim ; souvent il abandonnait une course presque gagnée, parce que les courriers fatigués étaient essoufflés, ou qu’il voyait les princes, compagnons de ses jeux, affligés de perdre, ou parce que quelque rêve pensif s’emparait de lui. Et avec les

  1. Précepteur.