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autant d’empressement s’ils n’avaient été au goût de son époque. C’était, en matière d’amour, le goût premier Empire. Il n’était pas gai. Malvina et Amélie Mansfield sont des drames de passion bien près du mélodrame. Les amants malheureux sanglotent, crient, rugissent dans un paroxysme de fureur qui appelle la camisole de force. Les héros et les héroïnes sont des âmes de feu aussi, pâmoisons, meurtres, suicides, tableaux terrifiants, refus, perfidies, persécutions, folie. Edmond mord la terre, pousse des cris, déchire sa poitrine.

« Dans la scène finale de Claire d’Albe, il y a de l’extase, des pleurs de joie, des apostrophes au ciel ; la moribonde se laisse aller dans les bras du bien-aimé. Claire est coupable, sa vertu a péri, elle n’y survivra pas ; le lendemain elle expire. Tout cela est bien mauvais, bien théâtral, bien faux, même assez malsain. Mais l’idée que Mme Cottin se faisait de l’amour lui a valu les suffrages de ses lecteurs.

« Il y avait l’intention de réagir contre la sécheresse de cœur, la froide corruption du dix-huitième siècle. Gauchement écrits, gau-