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cruel pendant la Renaissance, solennel ou libertin durant les siècles qui ont suivi, exalté ou mélancolique au temps de lord Byron, Chateaubriand, Lamartine, il est aujourd’hui beaucoup plus simple. On aime tout autant, mais plus simplement, on se le dit plus simplement, on se le prouve… souvent trop simplement.

Aussi, notre époque peu sentimentale ne connaît-elle guère la sensibilité. Au commencement du dix-neuvième siècle tout imprégné de Jean-Jacques, on s’évertuait à ressentir sur tout, à propos de tout, et dans ses nuances les plus subtiles, cette fleur du sentiment, pour laquelle on prenait volontiers ce qui n’était que de la sensiblerie. La sensibilité vraie vient du cœur, la sensiblerie est le produit des nerfs et d’une affectation de vanité… Jean-Jacques, dont le génie était fait de l’un et de l’autre, avait aussi mis à la mode le mot vertu, qui revenait sans cesse dans les discours et les écrits des pourvoyeurs de la guillotine. On continuait à l’appliquer avec aussi peu de justesse, car qui dit vertu dit effort et non l’abandon aux sentiments les moins vertueux.

Dans ses romans, Mme Cottin est incontesta-