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édifices et tous ses souvenirs ne valaient pas la peine du sacrifice, et nous allons nous rapprocher de ce que nous aimons, ce qui vaut infiniment mieux que de se rapprocher de tout ce qui reste de plus grand sur la terre. C’est beaucoup d’avoir vu Venise ; Rome m’eût peut-être moins étonnée. Rome, par ses monuments et ses ruines, est le chef-d’œuvre de l’homme, mais, à Venise, il y a plus que l’homme.

« Je croyais, en traversant le Simplon, avoir vu tout ce que l’intelligence humaine peut vaincre d’obstacles et surmonter de barrières ; cette superbe route élevée au-dessus des plus effroyables précipices m’avait paru le dernier effort de l’audace et du génie et la plus grande victoire que l’homme eût pu remporter sur la nature. Mais si c’est lui qui a fait Venise, il a fait bien plus encore, et pour concevoir la pensée de bâtir une telle ville sur la mer, sans avoir que des bras humains pour s’aider dans cette entreprise, il faut être bien persuadé que Dieu, en donnant pour toute force à une créature si faible que l’homme, un peu de son intelligence, l’avait élevé au-dessus de tout.