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quand on approche de l’époque où on ne pourra plus les avoir. Quand on se dit : voilà peut-être la dernière personne qui m’aimera de cette manière, je vous assure qu’il faut un grand courage pour l’écarter. »

L’écarta-t-elle en effet ? Tout porte à en douter. Michaud se présentait avec des séductions qu’Azaïs n’avait pas. Le philosophe austère était gourmé, solennel, emphatique, bien qu’il dût parfois se détendre avec celle dont il respirait l’amour comme le parfum d’une fleur offerte en hommage à son génie. Michaud, épris d’une autre manière, aimable, empressé, causant de sujets moins transcendants mais plus accessibles à l’entendement féminin, dut peut-être amener celle-ci à des comparaisons qui ne furent pas à l’avantage du provincial.

Et puis, le temps marchait, les heures de la belle jeunesse, que Sophie n’avait pas employées, s’enfuyaient au loin derrière elle, et bientôt allait sonner celle qui ne permet plus que les souvenirs. Car les femmes, à cette époque, vieillissaient bien plus tôt qu’à la nôtre, ou du moins se figuraient vieillir. Elle dut être prise de vertige à la