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ami ; si j’étais libre de mon sort, c’est de lui seul que je le ferais dépendre. Je ferais mon bonheur, comme il y a un an, d’être la compagne de sa vie, mais je sens que, si je l’étais, je ne me permettrais pas de telles amitiés. Elles ne sont donc pas entièrement pures puisque, si j’étais à un autre, elles seraient de trop.

« Ensuite, quoique je ne sois pas la compagne de votre fils, ne suis-je pas son amie ; et partager ainsi mon amitié, n’est-ce pas un vol que je lui fais ? Cependant quand c’est à des femmes que je la donne, il ne songe pas à se plaindre, ni moi à m’accuser, et pourtant, si avec plus de charme il y a autant d’innocence dans cette amitié-là, pourquoi serait-elle coupable ? Elle n’est pas coupable ; mais elle n’est pas très généreuse… Je n’ai pas mal fait, mais j’aurais pu mieux faire, et voilà ce que votre fille devait vouloir.

« Jadis Sophie pouvait avoir de ces faiblesses-là, mais ce qui est pardonnable quand on a vingt ans, ne l’est plus quand on vous nomme sa mère et qu’on a mon âge. Eh bien ! j’ai dans l’idée qu’elles ont encore plus de puissance