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mon cœur déchiré se glorifiera-t-il un jour des épreuves qu’il lui faut subir, lorsqu’il pourra vous dire, à vous et non à mon ami : après bien des années d’absence et de séparation, voyez l’isolement où vous m’avez laissée. Le tumulte du monde, les séductions de l’amour-propre, voyez si même une influence plus chère a pu seulement affaiblir l’attachement que je vous ai voué ?

« Ma bien-aimée Fanny, je vous recommande mon ami ; vous n’en avez pas besoin. Ne l’aimez pas pour moi, je me charge de ce soin ; mais donnez-lui tout le bonheur qu’il ne peut ou ne veut plus recevoir de moi. Je ne le blâme point, je l’aimerai toujours.

« Je ne lui écrirai pas. Je vais écrire qu’on envoie un volume de Mathilde à sa mère[1], je lui écrirai à elle, puisque je le puis encore. »

« Le philosophe ne se laissa pas attendrir par cette plainte navrante, par l’abnégation si touchante, si héroïque d’un pareil amour ; il persista dans sa rigueur. Alors peu à peu, dans le cœur de

  1. Mme de Rivière.