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consulte sur tout ; enfin, j’avoue que son esprit me plaît, que sa société m’est douce, et puisqu’il n’y a pas de secrets qu’on ne doive révéler à sa mère, j’avoue encore que le tendre intérêt que je lui inspire, sans m’émouvoir jamais, m’a touchée quelquefois… Ah pardonnez-moi, ma bien indulgente mère, mais je crois que, jusqu’à mon dernier soupir, au moment de tomber devant le trône du Souverain Juge, je serai encore sensible au plaisir d’être aimée. »

Tout cela ne plaisait guère à Azaïs. La facilité de ce cœur tendre à accepter tous les hommages, en voulant se persuader qu’ils ne la troublaient pas, peut-être même sa propre froideur effarouchée du langage passionné qu’elle employait en lui écrivant, le charme de sa présence n’agissant plus, il se déprenait peu à peu. Il la crut infidèle, légère, et pensa qu’il était de sa dignité de se retirer tout à fait. Il allégua le besoin d’une tranquillité absolue pour terminer son œuvre et désira ne plus recevoir de lettres.

La pauvre Sophie courba la tête, mais elle voulut lui écrire une dernière fois.