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« J’aimerais bien mieux parcourir les montagnes d’un pas rapide avec cet ami si cher, si vénéré, qu’avec M. Rousse qui marche à pas de tortue, soufflant, s’arrêtant et s’entourant de tous ses chiens crottés. Ce sont là de ces sacrifices que je fais à la décence publique et je suis loin d’en murmurer, car la décence publique est au premier rang parmi les devoirs, et quiconque manque de force pour suivre celui-là, donne lieu de penser qu’il en manque aussi pour de plus importants… Mon Dieu, que de choses je dirais encore là-dessus si je n’étais si fatiguée…

« Il faut absolument distinguer Mlle Soubies de tous les autres parleurs de petite ville ; jamais je ne lui entends dire un mot de commérages, mais elle me conte ses propres histoires, et la simplicité, la franchise, la vraie sensibilité de cette bonne fille m’intéressent et me touchent infiniment plus que tout l’esprit du monde… Ses témoignages d’amitié sont si sincères et si tendres, que le cœur est bien plus flatté de les recevoir, qu’il ne peut l’être par tous les hommages des gens réputés aimables et qui ont appris à sentir dans les livres…