Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont hors de lui, elles sont vastes et infinies comme l’univers ; tandis que celui qui veut être aimé, rapportant tout à lui, resserre ses satisfactions dans l’étroite limite de lui-même.

« Mais qu’arrive-t-il, c’est que le cœur généreux qui se livre sans calcul, répandant plus de bien, attire davantage et finit par être le plus aimé, tant il est vrai que le bonheur se trouve toujours placé sur la meilleure route.

« Mais ces mouvements généreux, madame, il n’y a guère que la piété qui les donne, ce n’est qu’en trempant pour ainsi dire son âme dans l’amour de Dieu qu’on peut se livrer sans crainte à celui qu’inspirent les créatures, parce qu’alors la pureté l’accompagne et en contient non la vivacité mais les écarts.

« Je ne sais, madame, si j’ai calmé vos touchantes inquiétudes et si je vous ai persuadée que la religion, loin d’isoler de nos liens, nous y attache plus étroitement ; elle n’est point solitaire mais communicative ; elle ne se retire point, elle appelle ; elle n’absorbe point en soi, elle se répand au dehors ; enfin elle ne brise que les affections vicieuses et fortifie toutes les autres.