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moment de s’y placer. Mais, dira-t-on, ces liens légitimes ne sont pas toujours assez doux pour suffire, ceux qui en sont les objets ne conviennent pas à nos goûts, nos caractères diffèrent et nos cœurs ne s’entendent pas.

« Mon Dieu, madame, que tous ces reproches disparaîtraient si l’on savait aimer davantage ; si l’on calculait moins ce qu’on donne que ce que l’on reçoit, si ce qui nous arrange, ce qui nous plaît, n’était pas notre première loi, si nous savions trouver notre bonheur dans celui de nos amis, ou goûter plus de plaisir encore à les aimer qu’à en être aimées. Mais comme nous voulons être aimées, madame, avec quelle ardeur nous le voulons ! Comme c’est bien là ce qui nous perd et l’arme dont l’imagination se sert avec le plus de succès pour nous tromper et nous séduire !

« Mais ce désir, madame, est un peu celui de la personnalité ; l’orgueil nous dit : sois aimé ; la tendresse nous dit : aime ; celui qui aime se contente du sentiment qu’il éprouve, des penchants qu’il sacrifie, du bien qu’il fait, des heureux dont il s’entoure ; toutes ses satisfactions