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je mourrai en disant encore j’espère, car je sais que les voix qui s’élèvent du fond des tombeaux sont souvent celles qui persuadent le mieux.

« Ah ! madame, pour une telle constance, il faut beaucoup aimer sans doute, mais je crois que la religion seule apprend à aimer à ce point ; elle met dans le cœur des sentiments que rien n’ébranle, que rien ne rebute et qui croient tout possible comme tout permis à leur zèle. Ce que m’apprend, ce que me révèle le Dieu que j’adore, c’est que la plupart des torts qu’on a, des peines qu’on éprouve, viennent de ce qu’on ne sait pas assez aimer. Quelle est la cause de l’inconstance, de l’artifice, de l’ingratitude, de la médisance, n’est-ce pas qu’on ne songe qu’à soi, qu’à sa satisfaction, et que les intérêts des autres ont été comptés pour rien ? Et les passions qui égarent, qui jettent tant de trouble dans le monde et de désordre dans la famille, ces passions funestes qu’on excuse toujours parce que chacun a un intérêt à les excuser, entraîneraient-elles jamais, si on savait bien aimer Dieu d’abord, et ensuite les objets qu’il nous permet d’aimer ?