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regardant jusqu’au déjeuner. Nous n’avons eu que cinq jours de froid et de neige, et je suis bien loin de me plaindre d’eux, car je leur ai dû la vue et le souvenir du plus magnifique spectacle que la nature âpre et sauvage puisse offrir aux regards humains.

« Représentez-vous des masses énormes, couvertes de la base au sommet d’une neige éclatante de blancheur dans la vallée, brune et sombre dans les cavités, et sur les pics exposés au soleil transparente d’or et d’azur. Plus de fleurs, il est vrai, au bord des ruisseaux, mais des cristaux de toutes les formes et de toutes les grandeurs, taillés en facettes, en girandoles, en globes, en éventails et brillants de toutes les couleurs du prisme, et au milieu de ce calme universel, entendez-vous cette eau qui court toujours avec le même bruit et d’un mouvement si rapide que le froid ne peut la saisir et la frapper de mort comme l’eau de nos plaines. Mais voici que tout à coup le soleil s’est armé de rayons plus ardents, la neige se précipite en masse liquide, va grossir le fleuve et découvre à nos yeux l’éclatante verdure des prairies et