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homme plein d’esprit mais un peu lourd, plein de bonté et d’honneur, mais hâbleur et content de lui-même comme tous les Gascons.

Quelquefois, M. Ramond vient jeter par torrents tout le brillant de son esprit dans notre modeste salon, alors chacun se tait, on écoute et on ne s’en lasse pas. À huit heures commence la musique. Delphine se met au piano, notre solitaire l’accompagne et l’accompagne très bien. Il fait chanter le Stabat de Pergolèse à Éliza, il met mon opéra en musique, il chante de tête en s’accompagnant sur son alto et fait une harmonie charmante. Enfin, à neuf heures on soupe et avant onze heures chacun est dans son lit. Le samedi soir est un jour de fête : de jeunes demoiselles de Bagnères se réunissent avec nos filles pour danser, faire de la musique et goûter, mais hors ces jours-là nous sommes bornées à la société dont je vous ai parlé plus haut.

Cette vie douce, monotone et solitaire serait la plus selon mon goût, si ma pensée ne mesurait pas sans cesse l’immense distance qui sépare Bagnères de Paris, si vous n’étiez pas