Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée

que ce que je ne comprends pas. Quand on présente quelques belles idées à mon imagination, elle s’enflamme aussitôt, et, pourvu qu’au delà on ne lui montre qu’un vague infini où elle puisse se perdre à son aise, on peut lui faire tout adopter ; mais, quand on veut tout expliquer à ma raison, alors mon zèle se refroidit et j’ai beau être convaincue, je ne suis plus enchantée. Aussi, il est vraisemblable que l’évangile des Pyrénées ne pourra pas l’emporter dans mon cœur sur les mystères de l’Évangile du Christ. Mais récapitulons mon histoire avec l’inconnu.

« Les premiers jours de mon arrivée à Bagnères, je ne pris pas garde à lui. Dans mes premières promenades je le crus fou, et je me rappelle surtout un jour où, m’étant aventurée avec lui dans une prairie très glissante, je tremblais que son accès le prît et qu’il ne me jetât au fond du précipice. Peu à peu, les choses bizarres qu’il m’avait dites et qui avaient fait naître cette crainte s’étant liées à d’autres idées, je ne les trouvai plus qu’extraordinaires et, enfin, elles me parurent grandes et belles.