Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

solitude est un bien si fort selon mon goût et si difficile à trouver ! Si je pouvais ne voir que vous à la rue Saint-Lazare, comme je prierais bien ma cousine de vouloir partir, mais il y a là tant de monde qui m’attend que la porte est ouverte pour entrer soir et matin… peut-être j’exagère, non par vanité, mais par impatience, je murmure de ne pas jouir de l’indépendance dont on me félicite : je sais bien que je suis maîtresse d’aller là ou là, mais le suis-je de n’y pas trouver tel ou tel ?

« Au reste, laissons ce sujet qui me ferait dire des choses que vous n’approuveriez pas, et parlons de M. Ramond que nous voyons souvent et dont ma cousine est enthousiasmée. C’est son tour d’être dans les cieux maintenant, tout ce que dit M. Ramond est ce qu’il y a de mieux dit et de mieux pensé. Il est vrai qu’il est impossible d’avoir un esprit plus brillant, une conversation plus variée et plus piquante ; je ne connais pas d’amusement au-dessus de l’entendre conter, et il conte pendant deux heures de suite sans se fatiguer, mais il est républicain, il est incrédule, il l’avoue et s’en vante,