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On m’assure que les montagnes me rendent folle, que m’importe si elles me rendent heureuse. Je ne puis vous exprimer de quelle plénitude de vie je sens mon âme se remplir à mesure que je m’élève sur des hauteurs ; il me semble qu’on laisse derrière soi, avec le monde, les soucis et les tourments qu’il donne et qu’à chaque pas qu’on fait vers le sommet de la montagne, la pensée en fasse un vers le ciel.

« Je n’oserais dire qu’à vous qu’il m’est arrivé plus d’une fois, dans ces moments, de pleurer de joie, mais de cette sorte de joie qui doit être le partage des bienheureux. C’est alors que j’oublie le monde et ses calomnies et ses passions et ses orages, ou du moins, si je m’en souviens, c’est pour jouir de la douce pensée qu’il n’y a plus rien entre eux et moi. Oui, madame, c’est ici que j’ai trouvé le repos du bonheur, c’est ici que j’ai déposé mon cœur sans regret et sans partage dans la seule vérité de l’univers, dans celle d’où découlent tous les autres, dans la sublime certitude d’un avenir éternel.

« Jusqu’à présent, mes idées errantes autour de