Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée


« Bagnères, 7 septembre 1803.

« J’ai pensé bien souvent à vous, madame, depuis que j’habite ce pays, le pays le plus enchanteur de la terre, où je me trouve si heureuse et où je crois que vous vous trouveriez si bien. Plus d’une fois dans nos promenades, quand j’étais frappée par ces beautés qui transportent, ou par ces sublimes horreurs qui font crier d’admiration et de surprise, je pensais à vous et je vous regrettais : il m’eût été si doux de vous dire mon plaisir et de partager le vôtre ; votre cœur me plaît tant. Je l’ai entendu au milieu des cercles et du bruit de Paris, jugez comme je l’entendrais ici.

« Ce n’est point impunément que nous nous trouverions ensemble près des torrents qui mugissent et s’élancent du sein des antiques forêts de sapins. À la vue de ces grands effets, il faut, quand on n’est pas né pour vivre étranger l’un à l’autre, que les pensées s’exhalent et que le cœur s’épanche. Mon Dieu, madame, que de bonheur il y a dans ces moments-là !