Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

un peu de sa réserve, pour amener le philosophe, très occupé de lui-même, à s’apercevoir de la place qu’il tenait dans le cœur de son ardente disciple.

Sa conquête était alors âgée de trente-trois ans et dans le plein épanouissement de sa maturité commençante. Sans être jolie, à cause de ses traits presque forts, ses beaux cheveux blonds, ses yeux très doux, sa bouche aux lèvres un peu épaisses, signe de bonté, son cou rond et droit, un air de langueur répandu sur toute sa personne, lui donnaient une véritable séduction. Veuve depuis dix ans, elle avait reçu sans s’émouvoir, et à diverses reprises, des hommages qui n’auraient pas demandé mieux que de devenir pressants. Cette fois, son cœur s’ouvrait de nouveau largement, avide d’aimer, de donner, pendant qu’il était temps encore, les trésors de tendresse et de dévouement dont elle se sentait remplie. Elle les déposait aux pieds de cette idole qui l’éblouissait, et qui, en véritable idole, les acceptait comme lui étant dus.

Car, sous cette sensibilité toute à fleur de peau, l’auteur des Compensations recelait une âme tranquillement bourgeoise et vaniteuse, faisant de