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femme… digne de vous si ce qu’on dit d’elle est vrai ; je la bénis comme la cause du vôtre. Ce lien, celui qui vous attache à votre famille, à vos amis et aux hommes, sont des occupations trop importantes pour que j’aie jamais songé à vous en détourner par une correspondance oiseuse ; je connais le prix du temps et j’ai aussi des devoirs à remplir. Mais je voulais vous exprimer une tendre reconnaissance, avoir une ligne de votre main et me taire toujours ; si j’ai été entraînée plus loin que je ne le voulais, excusez la faiblesse d’une femme.

« Sachez du moins que votre temps n’a pas été perdu en m’écrivant, vous m’avez éclairée et j’aime bien à vous devoir un avis utile. En voyant que vous avez cru démêler dans ma lettre l’expression d’un sentiment qui depuis longtemps n’est plus dans mon cœur, vous m’avez appris que je pouvais avoir ce même ton en causant avec mes amis. Quelques-uns pourraient s’y méprendre, ce serait les tromper, je m’observerai davantage… Ne pensez-vous pas que, quand on vit dans l’extrême solitude, on y désapprend tellement la langue du monde