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« Soutenue par la plus douce des espérances, je suis bien plus portée que vous à la mélancolie. S’il est des instants où le vide de mon cœur égare ma raison et me ramène au désespoir, l’ange qui veille sur moi me rend la paix par l’image du bonheur qui m’attend. Soit que je rêve sous les feuillages épais, que je foule aux pieds les gazons fleuris, ou que je médite dans l’obscurité silencieuse de la nuit, partout je le vois et partout je l’entends ; il est absent, mais non détruit ; je suis exilée et non désunie ; mes liens subsistent toujours, c’est mon âme qui les a formés et mon âme est immortelle. »

Ainsi se passa la première rencontre de cette femme avec l’amour qui, peu après, devait tenir une si grande place dans ses livres et dans sa vie. Il s’était présenté trop tôt, à un moment où son cœur ne se croyait pas libre, accablé qu’il était par la douleur d’une séparation récente, et cette grande disproportion d’âge lui en avait donné la répulsion. Elle s’était acharnée à le convertir en amitié et put croire y être arrivée ; elle se trompait ; ces deux sentiments ne se greffent pas l’un