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de tous les sentiments, en ce qu’il exige qu’une situation particulière se joigne à une pureté à laquelle peu d’êtres peuvent s’élever.

« Voici ce que j’entends par cette situation particulière. Notre âme, pouvant aimer de plusieurs manières, doit avoir, pour ne pas les confondre, autant d’objets d’attachement que de facultés de s’attacher. Ce n’est qu’en sentant d’une manière distincte ce que l’amour a de plus vif, ce que l’amitié a de plus tendre, qu’on peut bien connaître toutes les nuances qui rapprochent et éloignent ces deux sentiments.

« Celui qui posséda, qui possède encore toute ma tendresse, n’inspira à ma Julie une amitié libre que parce qu’elle lui savait le cœur rempli d’amour pour une autre ; s’il avait voulu être pour elle plus qu’un ami, il ne lui aurait plus été rien du tout. Quant à moi, je sais bien que tout homme qui oserait profaner la douleur qui m’accable, en me parlant un langage qui m’est devenu insupportable depuis que je ne l’entends plus de la bouche de celui que j’aime, ne m’en reparlerait de ma vie.

« Il faut donc ; pour se livrer sans gêne à