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fallait-il davantage pour une action pareille ?

« Vous la nommez belle et vertueuse, mais comment appréciez-vous ce nom de vertu ? Est-ce qu’une action aussi douce que facile à faire est digne de ce nom ? Est-ce quand on suit le mouvement de son cœur, sans gêne et ’sans contrainte, qu’on est vertueux ? Mais non, ce titre comprend toujours l’image d’un sacrifice : pour le mériter il ne suffit pas de bien faire, mais de faire le bien au dépens de ses penchants et de son plaisir. Jugez à présent, si vous n’avez pas prodigué cette épithète aussi sacrée que sublime à la simple bienveillance d’un bon cœur. »

Et ainsi de suite sur le même ton et le même sujet pendant tout le paragraphe suivant. La facilité de plume de Mme Cottin l’entraîne à disserter longuement, ainsi qu’il était d’usage alors, sur des pointes d’aiguilles si l’on ose dire, et ses subtilités font un peu perdre de vue leur objet.

Puis elle se reprend à se dénigrer :

« Je suis loin d’avoir une âme brûlante, je doute qu’elle le fut alors qu’elle était animée par le plus doux, le plus tendre des sentiments,