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est bien dommage que nous n’ayons pas connaissance de ses propres lettres et que nous en soyons réduits à les deviner par leurs réponses. Sans doute il devait l’exhorter à ne pas désespérer de la vie, lui dire qu’une femme de vingt-trois ans n’a pas dit adieu à l’amour pour l’avoir ressenti une fois, que des jours meilleurs lui étaient réservés, que son cœur refleurirait… Il refleurit en effet, mais ce ne fut pas pour lui.

Il l’engageait à réfléchir, à se demander si elle ne pourrait pas l’aimer. Il est évident qu’elle ne veut pas lui dire non, brutalement, mais elle cherche par des détours à le dissuader de poursuivre cet espoir.

« S’il est vrai, lui écrit-elle, que l’homme qui médite est un animal dépravé, je me perfectionne tous les jours, car je ne réfléchis presque plus. J’ai des sensations vives, pénibles ou agréables, sans en savoir la cause, ni même la chercher. L’analyse que vous me demandez, l’examen de moi-même, est plus que difficile, il est impossible. Mais je me connais bien mal, si l’indifférence la plus complète ne règne pas au fond de mon cœur, et je me trompe fort si