quelque homme, quelques hommes, ou d’autres, selon l’usage des langues.
D’où il arrive une différence notable dans les propositions ; car lorsque le sujet d’une proposition est un terme commun qui est pris dans toute son étendue, la proposition s’appelle universelle, soit qu’elle soit affirmative, comme tout impie est fou : ou négative, comme nul vicieux n’est heureux.
Et lorsque le terme commun n’est pris que selon une partie indéterminée de son étendue, à cause qu’il est resserré par le mot indéterminé quelque, la proposition s’appelle particulière, soit qu’elle affirme, comme quelque cruel est lâche ; soit qu’elle nie, comme quelque pauvre n’est pas malheureux.
Que si le sujet d’une proposition est singulier, comme quand je dis : Louis XIII a pris La Rochelle, on l’appelle singulière[1].
Mais quoique cette proposition singulière soit différente de l’universelle, en ce que son sujet n’est pas commun, elle doit néanmoins plutôt s’y rapporter qu’à la particulière : parce que son sujet, par cela même qu’il est singulier, est nécessairement pris dans toute son étendue ; ce qui fait l’essence d’une proposition universelle, et qui la distingue de la particulière ; car il importe peu pour l’universalité d’une proposition, que l’étendue de son sujet soit grande ou petite, pourvu que, telle qu’elle soit, on la prenne tout entière ; et c’est pourquoi les propositions singulières tiennent lieu d’universelles dans l’argumentation. Ainsi l’on peut réduire toutes les propositions à quatre sortes, que l’on a marquées par ces quatre voyelles, A, E, I, O, pour soulager la mémoire.
A. L’universelle affirmative, comme, tout vicieux est esclave.
E. L’universelle négative, comme nul vicieux n’est heureux.
- ↑ Προτάσεις αί καθʹ ἕκαστον, ou τὰ ἄτομα. Aristote, Hermeneia, I, 7. Premières analytiques, I, 1.