À UN ROSIER MOURANT.
Toi que, dès la naissante aurore,
Arrosait ma soigneuse main.
Toi que plus assidue elle arrosait encore,
Lorsque le jour, à son déclin,
Fuyait devant la nuit qui s’empressait d’éclore ;
Arbuste cher, toi dont la fleur
Devait parer ma solitude
Et la remplir de ton odeur ;
Objet de ma sollicitude,
Doux rosier, tu péris, hélas !
Et je ne puis sauver ta tige
Des injustes coups du trépas !
Que n’ai-je, pour charmer le regret qui m’afflige,
L’espérance de voir, par un nouveau prodige,
Sur ton pied desséché refleurir tes appas ?
Mais non : tu meurs pour ne renaître pas !
Tu meurs ! Ni le printemps ranimant la nature,
Ni du zéphir le souffle bienfaiteur,
Ni d’un soleil nouveau la féconde chaleur,
Ni la fraîcheur d’une onde pure,
Rien n’a pu de ta sève animer la langueur ;
Rien n’a pu de ton front conserver la verdure ;
Tu meurs !… Naguère encore je voyais tes rameaux,
Chaque matin à leur parure
Ajouter des attraits nouveaux ;
Toujours à mon réveil je les trouvais plus beaux ;
Fidèle à mon espoir, chaque nuit faisait naître
Quelques feuilles, doux prix de mes soins assidus !
Chaque aurore, un bouton s’efforçait de paraître ;
Mais enfin des plaisirs si long-temps attendus,
Le moment me sourit, j’aperçois une rose,