DISCOURS
EN VERS,
SUR LA MORT.
Ce n’est donc pas assez que ma douleur amère :
À la Mort vainement redemande une mère,
Surprise loin de moi par son glaive assassin !
Ce n’est donc pas assez que, presque dans mon sein,
De mes prospérités l’Euménide jalouse
Ait frappé sans pitié ma jeune et tendre épouse,
Qui de l’Hymen à peine entrevit les flambeaux !
Des marches de l’autel descendue aux tombeaux !
Et voilà que la mort contre mes jours armée,
Vient priver de mes soins ma famille alarmée.
Eh ! pourquoi donc veux-tu, fille de la douleur,
Ô Mort ! de mes beaux ans trancher ainsi la fleur !
Le malheur, en naissant, fut mon seul apanage.
À mes parens, hélas ! ravi dès mon jeune âge,
Non moins que par le sort trahi par les mortels,
Je venais, ô Nature ! embrasser tes autels,
Et, caché sous l’abri de mes foyers rustiques,
Redemander encor à mes dieux domestiques