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Ce Cénotaphe[1] est chargé d’inscriptions, qui, toutes, donnent la preuve de la douleur la plus exaltée.

Un jeune homme, fils unique de la plus tendre des mères, emporté par la fougue de l’âge, l’amour de la gloire et le désir de s’illustrer dans la carrière des armes, ou ses ayeux s’étaient rendus recommandable, ne réfléchissant point assez qu’il était la seule consolation d’une mère qui ne vivait que pour lui ; quitte cette mère inconsolable de cette séparation, et vole audacieusement au-devant des dangers.

Il se signale à Austerlitz, à Iena, à Erfurt, à Spandau ; partout, son audace, son courage sont couronnés par le succès ; mais il trouve la mort dans les affreux déserts de la Pologne, au combat du 4 février 1807.

Sa mère, dans son désespoir, en apprenant qu’elle a perdu dans ce fils chéri tout ce qui l’attachait au monde, privée même de la douloureuse consolation de pouvoir répandre des larmes sur ses tristes restes, pour trouver quelques soulagemens dans sa déplorable situation, a fait élever ce Cénotaphe à la mémoire de ce fils, l’objet de toutes ses pensées, de sa pieuse et si légitime mélancolie.

Ce monument qui est le seul de ce genre, dans le Cimetière de Mont-Louis, fait nombre parmi ceux qui, dans ce Cimetière fixent les regards de l’homme sensible, de l’homme honnête et bon, qui au milieu de ces tombeaux, cherche ces douces émotions qui consolent, qui lui rappelle quelques-unes de ces vertus précieuses qui ne sont point aussi généralement répandues au milieu de nous qu’elles devraient l’être, je veux dire, l’amour maternel, la piété filiale, la fidélité conjugale, la reconnaissance, etc. etc,

  1. Cénotaphe vient du mot grec Kenotaphion, qui signifie un tombeau vide.