mectèrent les larmes de la reconnaissance, resterait sec devant l’urne cinéraire qui lui reprocherait son ingratitude. C’est donc à vous, âmes sensibles, que je livre, que j’abandonne avec confiance ce fruit de mes laborieux travaux. C’est pour vous seules que j’y ai consacré mes veilles. J’ai pleuré avec vous, j’ai partagé votre douleur en traçant sur ces feuilles les monumens qui renferment les précieux restes des personnes qui vous furent et qui vous sont encore si chères. Entretenir votre douleur, donner un nouveau cours à vos larmes en rapprochant de vous le lieu, la tombe, le cyprès qui ombrage la dépouille mortelle d’un père, d’un époux, d’un ami, sur la perte desquels vous trouvez une sorte de consolation à prolonger vos regrets, c’est sans doute entrer dans vos vues, c’est partager vos pieuses afflictions, c’est en diminuer les rigueurs. Puissiez-vous me tenir compte de mes efforts ! Si je n’ai pas entièrement rempli vos espérances, j’en ai eu le désir : cela me suffit pour me croire assuré du succès de mon ouvrage. Il est impossible d’être sensible et de ne pas être reconnaissant.
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