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Les regrets que laisse après elle une jeune fille qui termine sa carrière à l’âge de vingt-deux ans sont assez puissans pour qu’il soit permis de lui supposer toutes les qualités aimables, toutes les vertus dont souvent on gratifie tant d’autres si gratuitement.


Suite de l’Élégie. (Voyez le 3e. morceau, page 24.)


Que vois-je ! c’est ici le séjour du trépas.
Quels gouffres ! quels tombeaux entr’ouverts sous mes pas !
Ah ! fuyons ; de la mort c’est ici la demeure…
Pourquoi fuir ? que plutôt sonne ma dernière heure !
Ce silence profond, ces lugubres oiseaux,
Ces cadavres épars, ces horribles tombeaux !
Tout est ici conforme à ma douleur mortelle,
Tout m’offre le tableau d’une nuit éternelle.
Qui s’avance vers moi ? ce n’est point une erreur :
Tous mes sens sont glacés d’épouvante et d’horreur !
Un jeune homme… écoutons ; d’une voix gémissante,
Il vient ici pleurer la mort de son amante.
« Florella, Florella… mais tu ne m’entends plus :
C’est moi, c’est ton amant, ô regrets superflus :
Dois-je en croire mes yeux ? eh quoi ! sous cette pierre
Mon amante n’est plus, qu’une froide poussière.
Ces traits qui tant de fois séduisirent mon cœur,
Ces yeux où tant de fois j’avais lu mon bonheur,
Que sont-ils devenus ? ô souvenir funeste !
De celle que j’aimais voilà ce qui me reste ;
Ses grâces, ses appas, ses vertus, ses talens,
Tous est enseveli dans le gouffre du temps.
Repose, Florella, repose, infortunée.
Lorsque tu me jurais que bientôt l’hyménée