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Traduction.


La même année a enlevé à la patrie son triple ornement. Hélas ! le trépas a remporté sur elle trois triomphes. Les débris du compas d’Uranie atteste la blessure et la profonde douleur de cette déesse. Calliope efface ses vers avec les pleurs qu’elle répand ; Erato abandonne la terre pour n’y plus revenir. Nous avons donc perdu Lagrange, Delille et Gretry qui prépara lui-même les chants par lesquels nous devions pleurer sa mort. Ô France ! enfermons-les tous trois dans le même cercueil, et révérons-les tous trois comme une même divinité. Que la terre soit inconsolable de leur perte ! Que l’Olympe se réjouisse de les avoir reçus ! Les larmes de la terre sont le bonheur du ciel. C’est maintenant que l’illustre géomètre habite le séjour que son génie mesuroit. Mortel, son propre génie en fait un dieu. L’honneur de la poésie, l’orgueil de la musique, les deux autres partagent son immortalité glorieuse, et tous les deux ils font retentir l’Olympe de leurs mélodieux accens.




ÉLÉGIE.


Dans quels lieux la douleur conduit-elle mes pas ?
Je demande la mort, et ne la trouve pas.
Je t’en conjure, viens ; termine ma souffrance :
Viens, frappe, arrache-moi ma cruelle existence,
Ah ! ne te laisse plus accuser de lenteur ;
Les heures sont pour moi des siècles de douleur.
Qui pourrait m’attacher désormais à la vie ?
Mon cœur avait fait choix d’une amante chérie :
D’un heureux avenir j’avais conçu l’espoir,
Aminte, pour ton jours, me défend de la voir.
Il lui faut obéir : sort cruel et barbare !…
Mais dieux !… où m’a conduit le transport qui m’égare ?