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département, attentif à ce vœu, sollicita les lumières des hommes instruits et vertueux. Deux vastes emplacemens furent achetés, l’un à Montmartre, et l’autre à Mont-Louis ; une administration spéciale fut établie pour régler tout ce qui était relatif aux sépultures, et les familles purent se procurer des fosses particulières, et construire des sépulcres.

Depuis cette époque, la religion des tombeaux n’a pas cessé de faire des progrès, et les cimetières se sont embellis de monumens qui prouvent que les excès dont nous avons parlé plus haut ne doivent être attribués qu’à une multitude égarée par quelques hommes aussi étrangers à l’humanité qu’à la religion.

Si le spectacle des tombeaux, plus ou moins somptueux, que l’on élève chaque jour dans nos cimetières, donne une idée avantageuse de la piété des familles et de leur respectueux attachement pour la mémoire des morts, nous ne pouvons néanmoins nous empêcher de dire qu’il se glisse des abus jusque dans ces enceintes vénérables, où tout doit porter à la tristesse et commander la réflexion. Que les parens et les amis des morts y soient admis à visiter leurs tombeaux, rien n’est plus juste ; mais qu’aux cimetières de Montmartre et de Mont-Louis, on laisse errer, parmi les sépulcres, des personnes qui ne s’y rendent que par le motif d’une pure curiosité, qui y font, en se promenant, un objet de plaisanterie des inscriptions gravées sur les tombes, qui s’y permettent de rire aux éclats, en un mot qui s’y comportent comme dans une promenade toute profane ; rien sans doute n’est plus indécent. Pour empêcher cet abus, surtout au cimetière de Mont-Louis, il me semble qu’un inspecteur devrait être chargé, les dimanches, de surveiller les personnes qui en visitent les monumens.

Nous terminerons ce premier volume par la Fête des morts, dans une campagne, et nous continuerons, au second, le Coup d’œil historique sur les funérailles.