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emblèmes qui désignaient leur caractère, ou enfin les symboles des choses qu’ils avaient le plus affectionnées.

Les Romains avaient trois sortes de tombeaux : le sépulcre, le monument, et le cénotaphe. Le sépulcre était le tombeau ordinaire où l’on avait placé le corps ou les cendres et ossemens du mort.

Le monument était un édifice plus ou moins élevé, construit pour perpétuer le souvenir d’une personne. On pouvait lui élever plusieurs monumens, mais elle n’avait qu’un sépulcre.

Le cénotaphe était un tombeau vide auprès duquel on faisait les funérailles de quelqu’un qui n’avait pu être enterré. Les citoyens qui avaient péri dans une bataille, dans un naufrage, ou dans une contrée éloignée, étaient l’objet ordinaire de ce simulacre des funérailles. On voit dans l’Histoire de l’expédition de Cyrus, par Xénophon, que les Grecs élevèrent un cénotaphe à ceux de leurs camarades qui avaient péri pendant la fameuse retraite des dix mille ; et Tacite nous apprend, dans ses Annales, que Germanicus rendit le même honneur aux légions de Varus, six ans après leur désastre en Germanie. On avait coutume d’appeler trois fois l’ame ou les mânes de celui à qui on consacrait un cénotaphe, pour l’engager à en venir prendre possession. On voit au cimetière de Mont-Louis un monument de cette espèce élevé par une tendre mère en l’honneur de son fils, jeune guerrier, tué dans les plaines de la Pologne, en 1807. C’est un cippe élevé d’un peu plus de cinq pieds (voy. la gravure), au sommet duquel on a placé dans une niche le buste de ce jeune héros.

Non-seulement la place occupée par le tombeau était consacrée par la religion, mais encore un certain espace à l’entour, ainsi que le chemin qui y conduisait. Si quelqu’un avait osé emporter des matériaux d’un tombeau, comme des colonnes ou des tables de marbre pour les employer à des édifices profanes, la loi le condamnait à une amende de dix