Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 1.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ont conservé la coutume des repas après les funérailles ; mais il arrive trop souvent qu’on s’enivre dans cette triste circonstance en l’honneur des morts. Bien des Français même méritent le reproche de se livrer à une telle inconvenance : au moins, devraient-ils attendre quelques jours, et s’éloigner des endroits où sont inhumées les personnes dont la perte doit leur causer des regrets. Pendant le deuil, qui dure quarante jours, les Russes font trois festins funèbres, savoir : le troisième, le neuvième et le vingtième jour après la sépulture. Un prêtre, payé pour le soulagement de l’âme du mort, doit employer les quarante jours à prier pour lui soir et matin dans une tente dressée exprès sur son tombeau. On doit penser qu’on ne cherche pas tant de façons pour les funérailles des pauvres, qui, en tous pays, et dans tous les siècles, ont été enterrés sans nulle cérémonie.

Quant aux protestans, les cérémonies de leurs funérailles diffèrent suivant les sectes et les pays où cette religion est suivie, et sont beaucoup plus simples que celles des catholiques romains. Mais partout c’est un appareil lugubre, une marche imposante, et l’apparence d’une piété touchante, fondée sur la foi en une autre vie, et l’espérance de la résurrection. En plusieurs endroits, les ministres de la religion sont les ministres des obsèques ; et en d’autres, c’est le magistrat, surtout dans les pays où toutes les sectes sont tolérées. Dans ce cas chacune d’elles peut observer dans ses temples respectifs, ou au domicile du défunt, les rites de sa croyance, ainsi que cela se pratique aujourd’hui parmi nous. Il est vraisemblable que, dans quelques contrées protestantes du nord, on s’imagine que les morts prennent part aux plaisirs des vivans, puisque l’on y termine souvent les funérailles par des orgies qui finissent toujours par l’ivresse complète des parens et amis invités à la cérémonie, et que l’on diffère quelquefois de plusieurs mois pour pouvoir y rassembler de fort loin un grand nombre d’assistans. La rigueur du climat