Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 1.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelle on grave le nom du mort, et celui du dieu qu’il a servi.

Les sauvages du Canada, et ceux qui habitent les vastes contrées arrosées par le Mississipi, procèdent à la sépulture des morts avec autant de magnificence qu’ils le peuvent. Ils les parent, leur peignent le visage et le reste du corps de différentes couleurs ; ensuite ils les déposent dans un cercueil fait avec des écorces d’arbre, dont ils polissent la surface avec des pierres ponces. Ils dressent une palissade autour du tombeau qui est toujours élevé à plusieurs pieds de terre. Lorsque le mort est enterré, ils font un festin où tout se passe avec tristesse. Les parens du défunt y gardent le silence ; la danse et le chant en sont exclus. Tous les convives font des présens aux parens, et les jettent à leurs pieds après leur avoir fait un compliment. Le deuil des femmes dure un an. Le père et la mère du mari mort ont soin de la veuve.

Nous ne devons pas oublier de dire que le mort est déposé dans sa dernière demeure, bien équipé et bien muni de provisions. On lui donne une chaussure neuve, un fusil, une hache, des colliers de porcelaine, un calumet, une chaudière, de la viande, du tabac, et un pot de terre rempli d’une bouillie de farine de froment. Si c’est un guerrier, on lui donne son arc et ses flèches.

Si je ne craignais de fatiguer le lecteur de détails plus ou moins bizarres, superstitieux et absurdes, il me serait aisé de passer ici en revue tous les peuples du globe ; mais on n’y verrait que l’application du principe dont je suis parti, modifié d’après les mœurs, les usages, les préjugés et les cultes des différentes nations. Au reste, il paraît que toutes celles qui n’ont embrassé ni le mahométisme, ni le christianisme, ont conservé ou peu changé leurs anciens usages ; ainsi elles doivent être mises au rang des peuples anciens, dont j’ai indiqué quelques-uns. Quiconque sera curieux de se convaincre plus amplement de ce respect universel pour les morts, en trouvera des preuves sans nombre dans l’histoire ancienne et