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distinction est décédée, une heure avant qu’on emporte son corps de sa maison, ses parens et ses amis se rendent en habits de deuil dans l’endroit où il doit être brûlé. Les femmes s’y trouvent aussi, mais voilées. À la tête du convoi marche un bonze accompagné d’un certain nombre de ses confrères, tous en habit de cérémonie, et portant une torche allumée. Deux cents bonzes les suivent en invoquant à grands cris le dieu que le défunt avait adoré pendant sa vie. Ceux-ci sont accompagnés d’hommes à gages qui portent au bout de leurs piques des corbeilles de découpures de papier de diverses couleurs. En agitant leurs piques, ils font voltiger les papiers, pour signifier que le mort est arrivé au séjour des bienheureux. Viennent ensuite huit jeunes bonzes, divisés en deux bandes, qui portent de longues cannes à l’extrémité desquelles pendent des banderoles où on lit le nom de quelque divinité. Après cette première marche on voit avancer le cercueil porté par quatre hommes. Le mort est assis, la tête un peu penchée en avant et les mains jointes. Il est vêtu de blanc, et par-dessus ses habits il a une robe de papier faite des feuilles du livre où sont décrites les actions du dieu auquel il avait le plus de dévotion. Le cortège est fermé par ses enfans, dont le plus jeune porte à la main une torche allumée avec laquelle il doit mettre le feu au bûcher.

Pendant que le feu consume le corps, les enfans, ou les plus proches parens du mort, s’approchent d’une cassolette placée sur une table, y mettent des parfums, et prient. Cette cérémonie achevée, les parens et les amis du mort se retirent. Le peuple et les parens restent pour manger ou emporter les viandes. Le lendemain, les enfans, les parens et les amis retournent au même endroit pour recueillir les cendres et les os du mort ; ils les renferment dans une urne de vermeil qu’ils couvrent d’un voile précieux. Les bonzes s’y rendent aussi pour continuer leurs prières pendant sept jours. Le huitième on porte l’urne dans un lieu où on l’enterre sous une plaque de cuivre ou sous une pierre sur la-