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son industrie, et même la douceur de ses mœurs, font un contraste bien frappant avec ce que je vais en dire : on voit que je veux parler des Indiens : Les Indiens n’ont point de règles générales pour les funérailles ; quelques-uns jettent leurs morts dans le Gange, plusieurs les enterrent, d’autres les brûlent. Cette dernière coutume est en usage surtout parmi les bramines, la principale, la plus noble et la plus respectée de ses castes ; et personne n’ignore celui où sont les femmes de s’y faire brûler toutes vives avec le corps de leurs maris, en observant des cérémonies qui varient suivant les différentes contrées. À la vérité celles qui ont des enfans peuvent impunément se soustraire à ce sort inhumain ; mais celles qui n’en ont point, et qui s’y refusent, car elles n’y sont pas contraintes, sont déshonorées, et mènent une si misérable vie, que quelques-unes lui préfèrent le bûcher.

L’on assure cependant que ces actes de dévouement ou de désespoir, deviennent chaque jour plus rares dans l’Inde. Les Mahométans et les Européens qui y dominent font tout ce qui dépend d’eux pour faire disparaître un usage si révoltant pour l’humanité.

On attache sans doute un grand mérite à cette héroïsme de l’amour conjugal, puisque dans quelques endroits on s’empresse de charger la victime de lettres pour l’autre monde, qu’elle promet de remettre à leur adresse. Soit que les Indiens enterrent les corps ou qu’ils les brûlent, ils ont soin de les bien laver auparavant, et ensuite de les frotter d’huile : on voit à leurs enterremens des hommes qui précédent le mort en sonnant d’une longue trompette dont le bruit lugubre convient parfaitement à la cérémonie.

Les Chinois prennent le deuil pour trois ans : tant qu’il dure, ceux qui le portent ne peuvent exercer aucune charge publique. On change d’appartemens et de meubles ; on ne doit s’asseoir que sur un petit siège de bois ; on ne prend que des alimens grossiers, et l’on ne couche que dans de mauvais lits. Le blanc est la couleur du deuil. Les Chinois se