donnaient dans leur vieillesse, et les laissaient périr d’inanition dans leurs cabanes où ils devenaient la proie des bêtes féroces : ils croyaient par là les soustraire aux maux de la décrépitude.
Les Icthiophages jetaient leurs morts à la mer, ou dans les rivières, ou dans les étangs, par le motif sans doute que l’élément dont ils avaient tiré leur subsistance devait être pour eux le séjour le plus agréable.
Les Troglodites, sans donner aucune marque de douleur, les couvraient d’un tas de pierres jetées à l’aventure. Ils accompagnaient cette barbare cérémonie de signes de réjouissance fondée probablement sur le sentiment des misères de la vie, dont ils félicitaient les morts d’être délivrés.
Chez d’autres peuplades le jour du décès d’un des leurs était un jour d’allégresse, celui de la naissance un jour de deuil ; et cette pratique est peut-être plus philosophique que bien des gens ne seront portés à le croire.
Je ne puis résister à l’envie de mettre sous les yeux du lecteur un trait naïf et touchant d’une peuplade du nord de l’Amérique, qui prouve que, dans les coins les plus reculés du monde, ce respect pour les mânes est porté au point, qu’il est identifié avec l’amour de la patrie chez quelques nations les moins civilisées, et que dès lors on ne doit point le regarder comme un sentiment factice, mais comme une affection dictée par la nature.
Des députés d’une nation européenne se présentent devant les chefs de cette horde sauvage pour leur demander l’échange de leur territoire contre un autre sol qu’on leur désignait. « Si nous quittons notre terre natale, répondent ces chefs avec une sensibilité attendrissante, qu’en penseront les ombres de nos ancêtres ? dirons-nous à leurs cendres levez-vous, et suivez-nous ? vous sentez que cela est impossible. »
Français ! que cette leçon soit éternellement gravée dans vos cœurs ! et Vous, modernes Vandales qui avez ouvert et