Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 1.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’imitation de leurs vertus. Ces détails d’ailleurs m’amèneraient à faire mention des combats horribles et sanguinaires des gladiateurs, que la corruption d’un peuple avili ajouta à la solennité des funérailles ; spectacle révoltant auquel, par un abandon incroyable de sa sensibilité naturelle, le sexe le plus délicat prenait un plaisir qui tenait de l’ivresse. Le respect dû à l’humanité doit détourner nos regards de scènes aussi dégoûtantes, et qui ne peuvent que déshonorer notre respect. À ce tableau raccourci des usages des peuples anciens les mieux connus, et dont l’histoire nous offre des notions plus certaines, je pourrais ajouter celui des usages des autres peuples leurs contemporains dont nous avons des connaissances ou des notices historiques : on y verrait qu’on n’en peut citer qu’un très-petit nombre pour lesquels les morts et les tombeaux n’aient pas été un objet de vénération. Les usages barbares et atroces de quelques-uns n’étaient peut-être, et ne sont encore chez quelques nations isolées, que l’excès de cette vénération mal entendue, et l’application superstitieuse d’un principe pur dans son origine, comme je l’ai déjà observé.

Si chez quelques nations l’on immolait sur le bûcher ou sur le tombeau des morts ses esclaves, et même des hommes libres compagnons d’armes d’un chef militaire, comme chez les Gaulois ; ou les épouses des défunts, comme chez les indiens anciens et modernes ; si l’on brûlait ou si l’on enterrait des habits, des meubles, de l’argent, c’est qu’on se figurait que ces objets étaient nécessaires aux décédés, soit pour les besoins, soit pour les plaisirs de l’autre vie.

« Les Germains ne mettaient aucun faste dans les funérailles ; seulement ils brûlaient sur un bûcher, composé d’un certain bois, les corps des hommes qui s’étaient illustrés parmi eux. Ils ne jetaient sur ce bûcher ni vêtemens ni parfums ; mais ils brûlaient les armes des morts, et quelque fois leur cheval. Les tombeaux étaient de gazon. Ces peuples méprisaient le luxe des monumens funéraires, comme un honneur pénible et coûteux, et même à charge aux morts. Ils étaient prompts à