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tant aux funérailles qu’aux jours consacrés à pleurer les morts.

À l’égard de ceux dont on ne brûlait point les corps, on les mettait ordinairement dans un cercueil de terre cuite, que l’on plaçait dans les sépulcres sur des tablettes de pierres préparées à cet effet, ou, s’ils étaient des personnes de qualité, on les renfermait dans des tombeaux de pierre ou de marbre.

Les funérailles des simples particuliers se faisaient sans beaucoup de cérémonies, et l’on en faisait encore moins pour la classe inférieure du peuple, ainsi que pour les pauvres. On les portait au cimetière commun, nommé le Champ Esquilin, situé hors des murs, parce que par une loi expresse et très-sage il était défendu d’inhumer dans le sein des villes. Cet abus dangereux avait eu lieu dans les commencemens de la république, et il fut aboli, excepté à l’égard des empereurs, des vestales, et de quelques personnes illustres.

Je pourrais parler ici de la déification ou apothéose renouvelée de l’ancienne mythologie en l’honneur de certains personnages célèbres ou par leurs vertus, ou par leurs exploits militaires ; mais cet usage, fondé dans son origine sur la reconnaissance et l’admiration, dégénéra dans la suite en des abus grossiers et absurdes ; et bientôt la dépravation devint telle, que l’on ne rougit pas d’élever des temples ou d’établir des sacerdoces en mémoire ou de monstres qui avaient avili l’humanité par leurs désordres ou leurs cruautés, ou de femmes qui n’étaient célèbres que par leurs débauches, ou de favoris qui n’avaient sans doute mérité cette distinction que par des basses complaisances. Tirons donc le voile sur ces tristes écarts de la raison humaine qui ne prouvent que trop sa dégradation, lorsque, devenue esclave, elle est réduite à flatter et à adorer la main qui lui donne des fers.

Je garderai le même silence sur les fêtes, les spectacles et les jeux établis pour célébrer la mémoire des morts qu’on eût mieux honoré par des cérémonies simples, et surtout par