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ces sentimens que certains personnages de la haute antiquité, célèbres et par leurs exploits et par d’éminens services rendus à l’humanité, ont dû les honneurs de l’apothéose, et peut-être les dieux supérieurs, eux-mêmes, n’étaient-ils que des hommes déifiés à une époque encore plus reculée.

Les Romains, ce peuple tellement religieux, que, suivant Cicéron, il ne devait qu’à sa piété sa conservation et ses succès, n’ont pas été inférieurs aux autres nations dans le respect dû aux morts et à leurs tombeaux.

Chez eux, il y avait deux espèces de funérailles : on brûlait les corps, ou on les enterrait ; cet usage avait lieu de même chez plusieurs autres peuples leurs contemporains.

Le premier honneur était réservé principalement aux grands et aux riches qui pouvaient faire les frais du bûcher ; et lorsqu’on voulait que leurs cendres ne fussent pas confondues avec celles des matières employées pour la combustion, on enveloppait le corps dans un linceuil d’amiante, que l’on sait être incombustible, ce qui augmentait considérablement la dépense. L’inhumation simple était réservée au reste du peuple. Les Romains portaient aux morts une telle vénération, que tout individu, quelle que fût sa qualité, qui se serait permis de leur faire insulte, était à l’instant condamné à perdre la vie.

L’on regardait comme un bonheur spécial de recevoir les derniers soupirs d’un agonisant ; et si quelqu’un mourrait en pays étranger, en l’absence d’un parent, la famille entière se croyait au comble du malheur, et faisait apposer sur le sarcophage cette triste épitaphe :

Parentes infelicissimi filio infelicissimo.

Lorsqu’un Romain était assez heureux pour mourir au sein de sa famille, ses plus proches parens lui fermaient les yeux, et tous ceux qui étaient dans la maison l’appelaient plusieurs fois par son nom à haute voix. Le mort ne répondant point, on lui ôtait l’anneau du doigt pour le lui remettre lorsqu’on